scénario
Le jour de ma mort avait été déclenché par une habitude sans conséquences possibles et apparentes : Nathaniel était toujours avec moi. Non pas que je ne l’aimais pas. Au contraire.
J’avais décidé de mourir parce qu’un beau jour, à chaque fois que je le voyais, même si il était le seul à me comprendre, le seul qui me connaissait à peu près, j’ai commencé à l’éviter. La raison en était bien simple, chaque sourire me faisait tomber dans un état second horrible et incompréhensible, chaque parole réconfortante me faisait trembler comme un feuille sous une bourrasque, chaque rire me faisait brûler, succomber à l’inexprimable et inexprimé.
J’aurais souhaité que la pluie tombe comme pour me pleurer, j’aurais aimé que le vent hurle pour accentuer le dramatique de ce jour.
Il est ironique de penser que le jour ou je passais d’un monde à un autre, les oiseaux chantaient, le soleil brillait, la brise me caressait le visage comme pour me dire « ne t’en fais pas et restes avec nous ».
J’avais décidé de dire au revoir à mon meilleur ami avant de partir.
Il s’est avancé timidement, de l’air gêné que j’arborais toujours. Ça m’a fait bizarre de le voir faire la tête que je fais tout le temps.
« Pourquoi tu veux plus me voir ? »
Je n’ai rien dit.
Je n’avais rien à dire.
J’ai haussé les épaules. Il a eut l’air de comprendre ce que je ne pouvais en aucun cas résoudre.
« C’est pas évident ce genre de choses quand on est autiste, hein ? », avait-il l’air de dire.
J’en avais assez, je brûlais, je suffoquais, je tremblais, et, comme pour me donner le coup de grâce, il me prit dans ses bras, et murmura « moi aussi ».
Ce fut à ce moment là que tout sombra dans le vide. Nul besoin de cachets, mon souffle se bloqua. Une dernière larme coula sur mes joues. Noir total.